Savoirs
Tout savoir sur la stérilisation du lapin
Stérilisation du lapin
Qu’il s’agisse du retrait des organes reproducteurs de la femelle, ou de l’ablation des testicules chez le mâle, faire stériliser son lapin est une décision importante. Outre différentes raisons de santé, il en va aussi du comportement des lapins. En effet dès l’âge de la puberté de nombreuses habitudes -ô combien désagréables- peuvent apparaitre : grands jets d’urine, parade nuptiale avec de nombreux “honk honk” autour de vos pieds, agressivité… Le lapin va chercher à se reproduire et ne pas y arriver sera une frustration pour lui. Douleur, dangers, raisons de le faire ou pas, nous vous expliquons tout dans cet article 👇
Attention cet article contient des photos de chirurgie qui peuvent heurter la sensibilité de certaines personnes
La castration du lapin mâle
Pourquoi y avoir recours ?
Le lapin a une certaine renommée en ce qui concerne sa sexualité, et elle n’est pas imméritée.
Un mâle entier (c’est-à-dire non castré) a souvent, une fois passé la puberté, des comportements indésirables et difficiles à éradiquer : agressivité avec ses congénères (voire avec d’autres espèces), marquage de territoire intempestif, destructions, excitation sexuelle, et bien sûr, coïts répétés et inappropriés avec tout ce qui peut passer à sa portée.
Si l’éducation est bien entendu essentielle pour limiter ces mauvaises habitudes (qui peuvent exister même chez le lapin castré), la stérilisation reste tout de même une solution de choix. A la suite de celle-ci, votre lapin redeviendra, en quelques semaines, plus calme et plus propre.
Notez cependant que si votre lapin vit seul et n’a pas de comportement sexuel particulier, il n’y a que peu d’indications médicales à procéder à sa castration : vous éliminerez simplement le risque de cancer des testicules ou de hernie inguinale/scrotale.
Si vous faites le choix de conserver votre mâle entier, pensez à vérifier régulièrement la taille de ses testicules et la région du bas-ventre, ces maladies (cancer/hernie) pouvant évoluer de façon insidieuse pendant un certain temps.
Comment se déroule l’intervention
En général, vous déposerez votre animal le matin à la clinique, et le récupérerez au cours de l’après-midi.
Après lui avoir administré des médicaments par intraveineuse (anti-douleurs et sédatif), le docteur procèdera à une anesthésie gazeuse de votre animal.
Pendant cette anesthésie générale, votre vétérinaire procèdera ensuite à la ligature du canal déférent et des vaisseaux testiculaires, puis à l’ablation des testicules de votre lapin via une petite incision généralement pratiquée sur le scrotum (il existe également une chirurgie avec un abord « anti-scrotal » où l’incision se fait en avant des testicules – il n’y a aucune différence entre les deux chirurgies, le recours à l’une ou l’autre de ces techniques étant déterminée par la préférence et les habitudes de votre docteur). C’est une procédure de routine pour les vétérinaires NAC.
Au terme de l’intervention, votre vétérinaire fermera l’incision avec quelques points de suture (résorbables ou non) et/ou de la colle chirurgicale (non, pas de la superglue 🙃).
Quelles sont les suites opératoires ?
Après une intervention, quelle qu’elle soit, il va vous falloir surveiller la reprise du transit de votre compagnon. Généralement, les vétérinaires attendent l’émission des premières selles et le premier repas de votre animal avant de vous le rendre. Il peut cependant arriver que les selles en question soient tout simplement celles présentes avant l’intervention, et que les suivantes, à cause du stress ou de la douleur, ne parviennent plus à s’évacuer. C’est pourquoi il est utile de proposer un bac à litière parfaitement propre et une serviette éponge ou un tapis hygiénique dans celui-ci au retour de votre lapin, afin de pouvoir vérifier que des crottes sont bien apparues au bout de quelques heures.
Il est possible que vous trouviez quelques traces de sang dans ses urines pendant 24/48h, cela n’a rien d’inquiétant. N’hésitez pas à passer un petit coup de fil à votre vétérinaire pour être tout-à-fait rassuré.e.
Pendant quelques jours, vous verrez probablement que les bourses de votre lapin sont gonflées, peut-être même plus qu’avant l’opération : rassurez-vous, votre vétérinaire n’a pas oublié de testicule 😉 C’est une réaction inflammatoire commune et bénigne qui disparaîtra rapidement.
Il est possible que votre vétérinaire prescrive des médicaments (anti-inflammatoires, anti-douleurs voire antibiotiques) à votre lapin : suivez les conseils de votre professionnel de santé animale et respectez bien la durée du traitement.
Et après ?
Les hormones des mâles décroissent lentement : ses mauvais comportements et sa fertilité ne disparaitront qu’au bout d’un mois environ. Veillez donc bien à le laisser séparé des femelles non stérilisées sur cette période !
Au terme de celle-ci, vous craindrez probablement que votre lapin ne prenne du poids (conséquence habituelle de la castration chez les autres espèces). Rassurez-vous, une alimentation naturelle* dont les proportions sont adaptées au poids de votre animal vous garantit un lapin fringant, svelte et en bonne santé, même castré 🙂
* Alimentation à base de légumes frais, de verdure fraîche (10% du poids du lapin/j) et de foin à volonté
La stérilisation de la lapine
Pour quelles raisons choisir de stériliser son animal de compagnie ?
Si la castration ne répond qu’à peu d’indications médicales, ce n’est pas le cas de la stérilisation de la lapine : saviez-vous que, passés 5 ans, 80% des lapines domestiques présentent un cancer de l’utérus ? Insidieux et néanmoins gravissime, c’est un cancer qui n’est généralement détecté que très/trop tard. Devant ces statistiques alarmantes, vous comprendrez que la seule décision raisonnable soit de procéder à une hystérectomie, c’est-à-dire l’ablation de l’utérus de votre bébé à grandes oreilles.
Les lapines non stérilisées peuvent également faire ce que l’on appelle des “pseudo-gestations”, plus connues sous le nom de grossesses nerveuses. A long terme, celles-ci peuvent déclencher des tumeurs/cancers de l’utérus, des kystes mammaires ou bien encore des problèmes digestifs dus à l’ingestion massive de poils lors de la création du nid.
L’état actuel des connaissances permet ainsi d’affirmer que pratiquer une ovario-hystérectomie (ablation des ovaires et de l’utérus) chez une lapine âgée de moins d’un an est la meilleure protection possible contre les tumeurs cancéreuses de l’appareil reproducteur. Par ailleurs, pratiquer l’intervention à un âge plutôt précoce permet généralement des chirurgies plus simples et moins longues : même en l’absence de cancer de l’utérus, certaines lapines peuvent développer des adhérences ou amasser de la graisse en quantité importante, rendant l’opération plus compliquée.
Pourquoi retirer aussi les ovaires me direz-vous. C’est une question légitime, qui trouvera volontiers sa réponse du côté comportemental : les femelles lapins sont, à l’instar de leurs collègues masculins, souvent sujettes à divers troubles du comportement : marquage de territoire, agressivité, grossesses nerveuses… Le seul moyen d’y remédier est de passer par la suppression des hormones sexuelles responsables de ces mauvaises habitudes, et celles-ci sont produites… par les ovaires !
Par ailleurs, il existe une raison médicale au retrait chirurgical des ovaires : on diminue significativement le risque de cancer hormono-dépendant, comme celui de la chaîne mammaire par exemple.
Le déroulé de l’opération
Vous serez probablement invité.e à déposer votre animal de compagnie le matin à la clinique, et à venir la récupérer l’après-midi même, ou le lendemain matin.
Le docteur commencera par injecter des médicaments à votre bébé afin de limiter sa douleur. Il procèdera ensuite à l’anesthésie générale gazeuse.
Pour rappel, il est interdit de laisser le lapin à jeun avant une opération. N’étant pas capable de vomir il n’y a donc pas possibilité de fausse route. Le laisser à jeun peut causer un ralentissement ou un arrêt du transit.
Le vétérinaire tondra ensuite le ventre de votre lapine, puis procèdera à une incision abdominale de quelques centimètres, avant de procéder à l’ablation de l’utérus, des ovaires et des trompes de Fallope (qui relient ovaires et utérus).
Deux sutures seront ensuite pratiquées l’une sur l’autre : la première, sur la paroi musculaire, et la seconde, sur la paroi cutanée. Certains vétérinaires préfèrent utiliser de la colle chirurgicale pour cette seconde suture, évitant ainsi la tentation à la lapine de toucher à ses fils prématurément ; d’autres procèdent à une couture dans l’épaisseur de la peau, rendant ainsi les fils inaccessibles aux petites quenottes. Quoiqu’il en soit, la technique de suture dépendra des habitudes de votre professionnel de santé, et de votre animal.
Quelles sont les suites opératoires ?
Comme pour le mâle, il est indispensable de veiller à la reprise du transit chez la femelle dès son retour chez vous. Nettoyez bien son bac à litière et utilisez une serviette éponge ou un tapis hygiénique en guise de litière pendant quelques jours.
Il est possible que vous notiez la présence de sang sur les tapis de votre animal, voire dans son urine. En petites quantités, c’est parfaitement normal pendant 1 jour ou 2. Au-delà, ou si la quantité vous semble importante, contactez immédiatement votre vétérinaire.
Il est probable que votre vétérinaire vous prescrive des médicaments à administrer pendant quelques jours : n’hésitez pas à lui demander des conseils pour les donner (certains lapins sont particulièrement revêches) et respectez scrupuleusement la posologie et la durée du traitement.
Si votre lapine s’intéresse d’un peu trop près à ses fils, il est possible que votre professionnel de santé animale lui mette une collerette, un body, ou remplace les fils par des agrafes qu’il faudra retirer quelques jours plus tard. Quoiqu’il en soit, n’hésitez jamais à le contacter si vous voyez un comportement qui vous parait inquiétant chez votre lapine.
Que se passe-t-il ensuite ?
En terme de fertilité, la stérilisation de la lapine agit immédiatement. En ce qui concerne son caractère et ses possibles troubles du comportement, cela peut être plus long, une vingtaine de jours en moyenne.
Au terme de cette période, vous devriez retrouver un petit ange* calme et détendu, enfin libérée de ses hormones et de ses grossesses nerveuses.
*présomption non garantie 😁
A partir de quel âge peut-on stériliser son lapin ?
On conseille d’attendre l’âge de 6 mois. Notez toutefois que, pour certaines grandes races, les vétérinaires préfèrent attendre la fin de la croissance (aux alentours d’un an). Si vous avez un doute, n’hésitez pas à en parler à votre vétérinaire.
Existe-t-il des contre-indications à la stérilisation ?
S’agissant d’une intervention chirurgicale associée à une anesthésie générale, la castration ou l’ovario-hystérectomie ne peut s’effectuer que sur un individu en bonne santé, et qui ne soit pas trop âgé.
Si votre lapin souffre d’une maladie quelconque, ou qu’il présente quelques pathologies liées à son âge, votre vétérinaire vous proposera probablement d’attendre (si la maladie en cours peut être soignée), ou de renoncer à l’intervention (dans le cas des lapins très âgés). Le mieux, comme toujours, est d’en discuter avec votre professionnel de santé animale, seul.e habilité.e à peser le pour et le contre de cette opération en regard de la situation de votre compagnon.
Y a-t-il un ou des risque.s inhérents à la stérilisation du lapin ?
Comme toute intervention chirurgicale nécessitant une anesthésie, il existe bien sûr un risque de complications, voire de décès. Cependant, il s’agit, pour les spécialistes, d’une intervention de routine et les risques évalués pour ce type de procédure tournent autour de 1,4% (WENGER S., 2012) quand ils sont réalisés par un spécialiste NAC.
Puis-je aider mon lapin à mieux vivre cette grande étape ?
Les lapins sont des animaux très sensibles aux changements, et une intervention chirurgicale, couplée à la douleur qu’elle peut engendrer, est une situation extrêmement stressante pour votre animal.
Bien entendu, votre vétérinaire s’occupera volontiers de la prise en charge de la douleur de votre compagnon, mais vous pouvez tout-à-fait veiller à ce que cette étape se déroule le mieux possible en le rassurant un maximum.
Comment ? Tout d’abord, anticipez son retour à la maison. Y a-t-il un légume qu’il aime particulièrement ? N’hésitez pas à lui en proposer pour son repas. Si les papouilles sur le corps peuvent tirer sur les fils et n’être pas très agréables les premiers temps, de petites caresses sur sa tête ne sont en rien contre-indiquées 😉
Par temps froid, n’hésitez pas à lui proposer une bouillotte entourée d’un linge propre afin qu’il puisse s’y lover et récupérer après l’anesthésie.
Enfin, notre Secure Bunny, reproduisant les phéromones maternelles du lapin, va permettre à votre petit amour de se détendre avant et après l’opération. Pour cela, rien de plus simple : ouvrez simplement le pot et laissez-le dans la pièce de votre bébé à grandes oreilles, mais hors de sa portée (pour qu’il ne cherche pas à le grignoter). De cette façon, les phéromones pourront se diffuser naturellement dans son espace, lui permettant de retrouver la zenitude de ses premiers jours, quand il était encore lové contre sa maman chérie 🧡
La reproduction protège-t-elle ma lapine ?
Vous entendrez certains propriétaires arguer qu’ils font reproduire leur lapine dans le but de la “soulager” ou de lui éviter certains maux, comme le cancer de l’utérus. Rien n’est plus faux. Non seulement la reproduction ne réduit en aucun cas les risques de tumeurs cancéreuses d’origine hormonale, mais les grossesses à répétition augmentent le risque d’autres pathologies. Faire stériliser sa lapine est donc la seule chose raisonnable à faire pour la protéger.
Notez par ailleurs que le lapin est, depuis plusieurs années, l’animal le plus abandonné de France, et que la plupart des refuges débordent littéralement. En cessant les portées inopinées, vous mettez également fin à ce cercle vicieux !
Et voilà, vous savez maintenant tout sur la stérilisation du lapin. Êtes-vous rassuré.e ? Toujours hésitant.e ? Si vous avez besoin de conseils sur ce sujet (ou sur un autre), n’hésitez pas à poser des questions sur notre groupe Facebook ; notre modératrice, notre communauté et les vétérinaires NAC présents se feront une joie de vous répondre.
Un immense merci à Marie Mélin vétérinaire NAC au sein de la clinique Globul’Vet, pour avoir contribué à la relecture de l’article ainsi qu’aux photos fournies.☺️